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Aides d’État, la face carbonée de la relance

Lufthansa a bénéficé d'une aide d'Etat de l'Allemagne de 9 milliards d'euros.

Avec 3000 milliards d’euros déjà dépensés, les aides d’Etat excèdent très largement les plans de relance officiels dans l’Union européenne. Des milliards qui ne contribuent pas à la décarbonation de l’économie.

3000 milliards d’euros : c’est le montant phénoménal que les Etats européens ont déjà injecté dans l’économie européenne depuis le début de la crise sanitaire.

« Nous avons approuvé environ 2,9 milliers de milliards d’aides, pour aider à limiter l’effet désastreux du coronavirus sur les vies humaines. Les services de la commission ont travaillé en permanence, sur 280 décisions, dont 13 pour l’Allemagne » s’est félicité Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la concurrence, le 7 septembre.

Selon elle, « toute l’aide approuvé a été nécessaire et équilibrée. Et nous avons mis en place des gardes fous pour limiter les distorsions de concurrence, » assure l’exécutif européen. Les règles ont été modifiées pour que les aides puissent être attribuées plus rapidement, après un examen sommaire.

Au total, 13 décisions ont été approuvées pour l’Allemagne, et près de 14 pour la France, les deux pays qui ont le plus soutenu leur économie et leurs entreprises – parce qu’ils en ont les moyens.

Une partie importante de ces aides a assuré le financement de chômage partiel et d’avances de trésorerie pour les entreprises, tous secteurs confondus. Ces injections de liquidités ont permis d’éviter des licenciements et des faillites, ce qui devrait limiter le recul du PIB à – 9 % sur 2020 selon les derniers chiffres de l’Insee. Des fonds importants ont également été débloqués pour que l’Etat se porte garant : 100 milliards pour l’assurance-crédit des entreprises par exemple, mais aussi garante de prêts bancaires de tout type d’entreprises.

Automobile, aérien, aéroports et énergies fossiles

Plusieurs milliards ont déjà été dépensés par l’Etat pour soutenir des entreprises en difficulté, dont Air France (7 milliards), Airbus, Renault (7 milliards). Les entreprises se sont engagées à réduire leurs émissions de Co2 et à rendre compte de leurs efforts régulièrement. Mais sans contrepartie sérieuse. « En l’état, les potentielles avancées entrainées par les investissements ‘verts’ du plan de relance risquent d’être rapidement annulées par toutes les aides supplémentaires prévues dans les secteurs polluants, sans aucune contrepartie » regrette Cécile Marchand, chargé de campagne aux Amis de la Terre.

En Allemagne, les premières aides majeures sont également à des secteurs peu compatibles avec l’accord de Paris, avec notamment le secteur aérien et les aéroports qui ont reçu les enveloppes les plus importantes.

Les pays du G20 ont déjà été dépensés deux fois le plan de relance français, soit 200 milliards d’euros, pour soutenir les énergies fossiles .

En gaspillant l’argent du contribuable dans une relance des industries les plus polluantes sans contreparties écologiques, les gouvernements européens risquent ne nous enfermer dans une décennie de hausse des émissions de gaz à effet de serre et nous projeter dans un réchauffement climatique de plus de 4°C s’inquiète Neil Makaroff, du Réseau Action Climat.

Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll