La gratuité des transports en commun est un sujet qui revient régulièrement sur la table des discussions politiques et environnementales. Dans un contexte de crise climatique et d’engorgement des villes, cette mesure pourrait sembler être une solution idéale pour réduire les émissions de CO2 et améliorer la qualité de l’air. Cependant, est-ce vraiment efficace et quel est son véritable impact sur le climat ?
Pourquoi instaurer la gratuité des transports en commun ?
Il existe différents arguments en faveur de la gratuité des transports en commun :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre : en incitant davantage de personnes à abandonner leur voiture au profit des transports en commun, on réduit mécaniquement les émissions polluantes.
- Lutter contre la congestion urbaine : moins de voitures en circulation signifie également moins de bouchons et donc une meilleure fluidité de la circulation.
- Améliorer la qualité de vie : avec moins de bruit et de pollution, les habitants des villes peuvent profiter d’un cadre de vie plus agréable et sain.
- Rendre la mobilité accessible à tous : la gratuité des transports en commun permet aux personnes les plus modestes de se déplacer plus facilement, favorisant ainsi l’inclusion sociale.
Quels sont les effets constatés dans les villes ayant adopté la gratuité ?
Certaines villes françaises et étrangères ont déjà sauté le pas et rendu leurs transports en commun gratuits. Qu’en est-il de leur impact sur le climat et l’utilisation des transports en commun ?
Dunkerque : un exemple français de gratuité des bus
Depuis septembre 2018, les bus sont gratuits pour tous à Dunkerque. Ce choix a entraîné une hausse significative de la fréquentation des bus, avec +85% d’usagers en semaine et +160% le week-end. De plus, 5% des nouveaux usagers ont abandonné leur voiture pour se tourner vers ce mode de transport écologique.
Tallinn : la capitale estonienne pionnière de la gratuité
À Tallinn, les transports en commun sont gratuits depuis 2013 pour les résidents. Le bilan est plutôt positif puisque la ville a observé une diminution du trafic automobile de 15% et une augmentation de la part modale des transports en commun de 23%. Néanmoins, certaines critiques pointent du doigt l’effet limité sur le plan environnemental, car si les voitures sont moins nombreuses, elles circulent malgré tout plus rapidement et polluent donc davantage.
Les obstacles à la généralisation de la gratuité des transports en commun
Même si certains exemples de villes ayant mis en place la gratuité des transports en commun montrent des effets intéressants, plusieurs obstacles persistent :
- Le coût financier : assurer la gratuité des transports en commun implique un manque à gagner pour les collectivités. Cela nécessite donc de trouver d’autres sources de financement, ce qui n’est pas toujours évident.
- L’offre de transport à améliorer : rendre les transports en commun gratuits ne suffit pas à convaincre tout le monde de les utiliser. Il est également nécessaire de proposer une offre attractive (fréquence, qualité, ponctualité…).
- Les capacités d’accueil des transports en commun : avec l’afflux potentiel de nouveaux passagers, il faut prévoir des investissements pour augmenter la capacité d’accueil et éviter la saturation.
- La complexité des systèmes tarifaires : dans certaines agglomérations, plusieurs autorités organisatrices de transports coexistent, ce qui rend difficile la mise en place d’un système unique et gratuit.
Faut-il miser sur d’autres leviers pour réduire l’impact des transports sur le climat ?
D’autres projets et investissements pourraient être envisagés pour compléter ou remplacer la gratuité des transports en commun :
Le covoiturage et l’autopartage
Développer ces alternatives à l’utilisation individuelle de la voiture permettrait de réduire le nombre de véhicules en circulation et ainsi diminuer les émissions polluantes.
Les modes de transports doux
Encourager la pratique du vélo, de la marche à pied et des trottinettes électriques en améliorant les infrastructures (pistes cyclables, zones piétonnes…) peut inciter davantage de personnes à opter pour ces solutions moins polluantes.
La tarification incitative
Plutôt que d’instaurer la gratuité totale des transports en commun, on pourrait envisager une tarification incitative prenant en compte les revenus, le nombre de trajets effectués ou encore les horaires. De cette manière, on encourage l’utilisation des transports en commun sans générer de coûts importants.
En résumé, la gratuité des transports en commun peut constituer un levier intéressant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l’air dans les villes. Toutefois, il est nécessaire de prendre en compte les contraintes financières et techniques qu’elle implique, ainsi que d’autres solutions complémentaires pour maximiser son efficacité.