Menaces climatiques : Le marché noir des gaz réfrigérants

Les gaz réfrigérants sont indispensables au fonctionnement de nombreux équipements : de la climatisation et du froid domestique, jusqu’aux entrepôts frigorifiques et aux chaînes de production dans l’industrie. Pourtant, ces substances hautement polluantes sont désormais l’objet d’un marché noir international qui met en danger nos efforts pour protéger le climat.

Un enjeu majeur pour le respect des engagements internationaux

Dans le cadre de l’accord de Kigali, adopté en 2016 et entré en vigueur en janvier 2019, plus de 170 pays se sont engagés à réduire progressivement leur consommation de hydrofluorocarbures (HFC), ces gaz à effet de serre utilisés comme réfrigérants dans les installations de réfrigération, de climatisation et de pompes à chaleur.

Les HFC sont particulièrement nocifs pour le climat, car ils ont un pouvoir de réchauffement global plusieurs milliers de fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2). L’objectif est donc de remplacer progressivement ces gaz par des alternatives moins dommageables pour l’environnement, mais aussi de mettre fin à leur émission illégale en contrôlant mieux leur production et leur distribution.

Un marché noir aux conséquences dramatiques

Néanmoins, ce marché légal des gaz réfrigérants ne suffit pas à répondre à la demande, notamment dans les pays où le respect des règlements et des quotas est moins rigoureux. De ce fait, un marché noir s’est développé ces dernières années en parallèle du secteur officiel, avec de nombreuses conséquences néfastes pour le climat :

  • Emissions illégales de gaz à effet de serre : Les précurseurs utilisés dans la fabrication des HFC peuvent être détournés, contrefaits ou importés illégalement pour produire des quantités indéterminées de gaz réfrigérants.
  • Mauvaises pratiques d’installation : Le marché noir, soucieux de rentabilité rapide n’accorde généralement que peu d’importance aux bonnes pratiques lors de l’installation ou la maintenance des installations de climatisation ou réfrigération.
  • Fraude fiscale :Par nature, les transactions effectuées sur le marché noir échappent aux taxes et aux prélèvements obligatoires. Cette situation prive les autorités de ressources indispensables pour financer la lutte contre la pollution, la promotion des technologies « vertes » et autres actions environnementales cruciales.

Comment démanteler le marché noir des gaz réfrigérants ?

Dans l’optique de protéger notre climat et de garantir la pérennité des efforts consentis dans le cadre de l’accord de Kigali, il est impératif de mettre un terme à ce commerce illicite des gaz réfrigérants. Pour y parvenir, plusieurs mesures peuvent être prises :

  1. Renforcer la coopération internationale : Afin de prévenir les trafics transfrontaliers et d’améliorer l’échange d’informations entre autorités nationales et/ou régionales. Le rôle des organisations internationales telles que Interpol ou Europol peut également être capital.
  2. Mettre en place un système d’échange et de traçabilité : Créer une plateforme commune d’inscription des transactions légales impliquant les gaz réfrigérants permettrait de mieux suivre leur circulation et d’identifier plus facilement les acteurs du marché noir.
  3. Former et éduquer les professionnels : Généralement moins informés sur les risques climatiques associés aux HFC, les opérateurs du marché noir doivent être sensibilisés à cette problématique pour favoriser une transition vers des pratiques durables et respectueuses de l’environnement.
  4. Développer et promouvoir des alternatives vertes : En investissant dans la recherche et le développement de technologies « vertes », il est possible de proposer sur le marché des solutions de rechange écologiquement responsables et économiquement attrayantes

Quel rôle pour les consommateurs ?

Tous ces efforts ne seront toutefois pas suffisants si nous, en tant que consommateurs, ne prenons pas conscience de notre propre responsabilité face à ce problème. Voici quelques actions qui peuvent être entreprises pour contribuer à la lutte contre le marché noir des gaz réfrigérants :

  • Exiger des garanties auprès des fournisseurs : Avant d’acheter un produit ou de faire réaliser une installation, il convient de s’informer sur l’origine des gaz utilisés et leurs certifications.
  • Veiller à la conformité réglementaire : Les professionnels doivent être en mesure de fournir les preuves de conformité avec les réglementations locales et/ou internationales en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
  • Privilégier les services de maintenance certifiés :Lorsque vous sollicitez un prestataire pour l’entretien d’une installation de climatisation ou de réfrigération, assurez-vous qu’il dispose des compétences requises et des certifications adéquates pour manipuler les substances polluantes.
  • Investir dans des solutions alternatives : Le développement durable passe aussi par notre propre consommation. En optant pour des équipements moins gourmands en énergie et compatibles avec des gaz réfrigérants moins nocifs pour le climat, nous pouvons contribuer à la lutte contre les impacts négatifs du marché noir sur l’environnement.