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Les grandes villes donnent le « la » dans la lutte climatique

Milan fait partie des villes réclamant des objectifs cimat plus ambitieux. Photo PE

Plusieurs capitales appellent les chefs d’Etat et de gouvernement des pays du G20 à plus d’ambition dans le rythme de réductions de leurs émissions de CO2.

La majorité de la population mondiale vivant en ville, leurs maires se retrouvent en première ligne dans la lutte contre le dérèglement climatique. C’est le cas notamment celles rassemblées au sein du réseau Urban 20. 28 villes – dont, en Europe, Barcelone, Berlin, Helsinki, Paris, Rome – ont enjoint, le 17 juin, les leaders du G20 à se montrer plus ambitieux dans ce domaine avant la COP26 de Glasgow.

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Dans un document commun, elles se fixent de nombreux objectifs. Notamment, d’atteindre «zéro émissions nettes» en 2040, ou si possible plus tôt. Ou de fonctionner à l’énergie propre à 100% à cette même échéance. Ou encore, de rénover tous leurs bâtiments d’ici à 2050.

Plus ambitieuses que les Etats


Fruits de négociations, ces défis sont portés cette année par les maires de Rome et de Milan, puisque le G20 est présidé par l’Italie. C’est donc à eux qu’il revient de promouvoir les recommandations des maires sur l’agenda du G20. Sachant que nombre de ces villes sont également actives sur le climat au sein du réseau C40 Cities. Certes, toutes n’affichent pas le même degré d’ambition. Chez certaines, comme les Scandinaves Stockholm ou Copenhague, qui visent des réductions d’émissions de respectivement 65 et 70% d’ici à 2030, il est particulièrement élevé. « Globalement celles qui font parties de ces alliances ont des objectifs plus ambitieux que ceux de l’UE et des gouvernements nationaux », relève Emmanuelle Pinault, directrice de City Diplomacy au C40. « Les villes ont d’ailleurs été les premières à prendre comme référence un objectif de limitation des températures moyennes à +1,5°C et non +2°C . En cela, elles sont aujourd’hui suivies par de plus en plus d’entreprises et de pays ».

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En témoignent, pour les Etats-Unis, les communiqués de John Kerry, leur ambassadeur pour le climat. Dans la même veine, lorsque Donald Trump a pris la décision de faire sortir son pays de l’accord de Paris, 350 maires américains ont fait le choix inverse en décidant de suivre les objectifs fixés à la COP21 de 2015 en réduisant leurs émissions. Ils ont en cela été ensuite félicités par Joe Biden, nouvellement élu.

Relance européenne


« Le message du Urban 20 et du C40 Cities vise à inciter le G20 à être aussi ambitieux que les villes, et à réclamer une relance à la fois verte et juste socialement », poursuit Emmanuelle Pinault. « A notre sens, sur les 750 milliards d’euros de relance de l’UE, près de l’essentiel devrait être affecté à la mise en œuvre de l’accord de Paris. Et non pas seulement 37% des investissements ». D’autant, que si l’on regarde de près les plans nationaux ce ne sont, d’après Green Recovery Trackers, que 15% environ de ces fonds qui seraient dédiés véritablement dédiés à la transition. Au plan social, plusieurs villes – comme Varsovie ou Barcelone – travaillent par ailleurs activement, à titre cependant encore expérimental, à ce chantier d’une transition plus juste,. Par exemple, en favorisant la reconversion des personnes touchées par la transition verte. Elles peuvent en cela s’inspirer du fonds de transition juste européen.

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A Milan, des repas moins carnés


Si la plupart des villes suivent des objectifs globaux similaires sur les gros postes d’émissions que sont les transports et le logement, certaines tentent d’y ajouter des mesures innovantes. Ainsi, Milan est l’une des 35 villes ayant dépassé le pic de ses émissions à la fin de l’année 2020. Pointée du doigt pour sa forte pollution, en partie due à sa situation géographique, la municipalité a, dès la fin 2019, lancé une initiative de zones à faibles émissions. Avec l’objectif de limiter la présence de voitures polluantes sur 70% de son territoire. « Un projet plus ou moins stoppé en raison de la pandémie mais qui, depuis le mois de mai, a été relancé », explique-t-on au sein de l’équipe municipale. Et qui se voit complété par des mesures sur la mobilité verte. Comme par exemple, une extension des pistes cyclables de 35 km à plus de 100 km après le confinement. Ou le développement d’une cinquième ligne de métro, qui doit ôter plus de 3 millions de voitures au sein de la ville. Ou encore, un partage accru de l’usage de la voiture.

Dans un autre domaine, Milan mène également depuis 2015 une politique alimentaire moins émettrice : 85.000 repas – où la viande est par exemple remplacée par du soja – sont distribués chaque jour dans des cantines scolaires ou des maisons de retraite. Et ce, avec un intérêt grandissant des citoyens pour ce type d’initiative.

Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll