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Loïg Chesnais-Girard : « la Bretagne prépare son budget carbone »

30 mars 2021

Président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard se présente aux élections régionales. Sa région est la seule à avoir rempli ses obligations de reporting climat sur le site de l’Ademe. Elle travaille désormais sur son budget carbone.

Vous avez été la seule région à remplir vos obligations de reporting climat au niveau national. Comment expliquez-vous cela ?

Pour commencer, j’ai une équipe dédiée, et ils sont très compétents ! Mais surtout, on a commencé à les évaluer avant que la loi ne soit adoptée. Donc on savait déjà où étaient les émissions de la région : pour 70 %, ce sont les lycées et les transport. Désormais, notre but est de chiffrer plus précisément ces émissions. Puis de développer des projets, voire des entreprises, dont la mission fasse directement reculer ces émissions.

Quels sont les enjeux climat de la Bretagne pour les années qui viennent ?

A la Région, nous avons sanctuarisé un comité scientifique local. Il s’apprête à travailler sur des sujets majeurs, qui reflètent les préoccupations de la Convention citoyenne sur le climat. Si l’on veut sortir du soja, favoriser l’agroécologie et arrêter les pesticides, c’est important d’accéder à des informations optimales.

L’autre projet, c’est le budget carbone régional. Chaque année, on présentera un budget carbone en parallèle de notre budget financier. Pour l’instant, on vise -5 % d’émissions de CO2 par an. Sur 2021 et 2022, on sait le faire. Ce sont les mesures les plus simples. Par exemple, on insiste sur l’isolation thermiques des 117 lycées, on travaille sur les modes de transport et l’alimentation des lycéens. Mais après 2022, ce sera plus difficile. On va passer à des trains à l’hydrogène, favoriser le télétravail pour accélérer les économies d’émissions.

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Quelles ont été les conséquences de la Breizh Cop sur la gestion de la région ?

Nous avons organisé la Breizh Cop en 2019, ce qui nous a permis de co-construire le « SRADDET *». L’idée était d’écrire ensemble l’ambition climatique, pour l’assumer ensemble. Cela s’est déroulé pendant un an, avec la participation de toutes sortes de publics, des jeunes et des moins jeunes, un comité scientifique, et des parrains comme Nicolas Hulot et Erik Orsenna. Maintenant, nous travaillons sur l’objectif qui a été acté, la neutralité carbone en 2050. Ce qui a de fortes conséquences sur le plan de l’énergie, mais aussi sur tous les projets soutenus par la région, qui doivent respecter un cahier des charges précis sur l’environnement.

Justement, la région manque d’énergie produite localement, et est en train d’ouvrir une centrale à gaz à Landivisiau. Ce n’est pas très compatible avec cet objectif ?

Nous avons prévu de développer les hydroliennes, la biomasse et le photovoltaïque en priorité, tout en organisation la modération de la consommation. Mais le troisième volet incontournable du plan énergie, c’est d’éviter le black-out avec des équipements suffisants.  La nouvelle centrale à gaz ne doit fonctionner qu’en secours, en cas de tensions sur le réseau. Soit autour de 600 heures par an. C’était indispensable de sécuriser le réseau, alors que la région accueille de plus en plus d’habitants.

Il y a aussi un débat sur les méthaniseurs. La région n’investit pas d’argent public sur le sujet, mais nous devons nous occuper de ce dossier. Nous devons mettre en place un cahier des charges qui permette des projets de territoires, et qui soit compatible avec une agriculture ambitieuse sur le plan écologique. L’acceptation sociale de cette méthode diminue. En revanche, nous avons des déchets issus de l’agroalimentaire, par exemple des cidreries, qui pourraient être méthanisés.

La loi climat se penche actuellement sur la question de l’artificialisation des sols. Comment faire pour la limiter ?

La Bretagne a été pionnière, avec un objectif de zéro artificialisation nette en 2040. Au niveau national, ça va devenir systématique, sans doute en 2030. En Bretagne, nous consommons 3000 hectares par an. Ce qui se fait le plus, c’est la maison, sur un modèle d’habitat disséminé. Nous devons réfléchir à l’habitat de demain. Nous avons de la place dans les bourgs et les centres-villes. Nous avons aussi des friches en cours de réhabilitation. Quand on fait bien les choses, les centres villes sont parmi les lieux d’habitat les plus agréables à vivre.

Est-ce que cette question du foncier fait partie de votre programme pour les élections régionales ?

Quand on est élu, on subit des injonctions contradictoires en permanence : les règlements changent, les attentes des citoyens aussi. Si on arrête de construire sans se poser de questions, on donne une prime à ceux qui sont déjà installés. Donc il faut travailler à des solutions qui sont souvent locales. Mais il faut poser le fait que la terre est finie, non pas infinie. Cela impose un changement radical, et qui touche l’intimité des gens. Les nouveaux élus arrivent avec cette prise de conscience sur la non consommation du foncier.  Même si on fait 20 logements par hectare et non plus 10 comme il y a 10 ans, si l’espace est organisé, ça ne pose pas de problème.

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*Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires