Quand l’entreprise se mobilise pour la planète
De nombreuses initiatives fédèrent étudiants, salariés et patrons engagés dans la transition écologique.
Etudiants, salariés, dirigeants…les initiatives fédérant des acteurs désireux de bousculer leur entreprise se multiplient.
Positif ou négatif, chacun s’accorde à reconnaître le rôle de l’entreprise dans la transition écologique. Fût-ce à son corps défendant.
Cette conviction a pris de nouvelles formes à la faveur de la Convention citoyenne pour le climat, qui a inspiré deux initiatives concomitantes nées en décembre dernier. Outre la place centrale de l’entreprise, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) et la Convention21 partagent un même objectif : que cette transition passe à la vitesse supérieure. Mais les deux associations empruntent des chemins distincts pour y parvenir.
Concertation et consultation
Tirage au sort de 150 représentants d’entreprises, sujets soumis par diverses parties prenantes, organisation en collèges invités à plancher pendant plusieurs mois avant d’élaborer des propositions… la Convention21 s’inspire assez directement de l’expérience citoyenne. « Le côté participatif et collaboratif est au centre de notre démarche », insiste Virginie Raisson, co-fondatrice de l’initiative avec Jérôme Cohen, fondateur d’Engage. Sur la base de la concertation et la consultation de parties prenantes : réseaux d’entreprises, syndicats, représentants du patronat, consommateurs, étudiants, citoyens, territoires. Et avec les éclairages d’experts issus du monde économique ou scientifique. Pour ce faire, ils seront répartis en trois collèges : salariés, dirigeants/administrateurs et investisseurs/actionnaires. Sans prétendre à une parfaite représentativité – sans auto-entrepreneurs, par exemple – la Convention21 entend refléter la diversité du monde économique. Elle travaille pour cela avec la même équipe qui a présidé aux tirages au sort de la Convention citoyenne et du Grand débat.
Passer à l’opérationnel
La Convention des entreprises pour le climat prévoit aussi d’embarquer 150 entreprises. Mais en recrutant des dirigeants. 30 ont déjà été sélectionnés, une deuxième promotion sera dévoilée dans quelques jours. Car pour son fondateur Eric Duverger, le chef d’entreprise est au cœur du dispositif. « Notre ambition, c’est d’opérationnaliser. D’abord de prendre le temps du constat sur la profondeur et l’ampleur du sujet, qui dépasse le seul climat, avant d’aller dans le dur et la complexité de l’entreprise. » Les chefs d’entreprises recrutés, représentatifs de la diversité du monde économique en termes de taille, secteur ou territoire, seront accompagnés tout au long d’un parcours organisés en six sessions. Objectif : élaborer la feuille de route de leur propre transition.
Avant, le cas échéant, de demander aux décideurs politiques les évolutions des règles du jeu économique nécessaires. Tandis que la Convention21 prévoit que ses travaux, qui devraient débuter à l’automne, puissent déboucher à la fois sur des actions à mettre en œuvre au sein des entreprises, des aménagements des politiques publiques, ou des propositions plus systémiques. Destinées aussi bien aux sphères économique et politique, à quelques mois de l’élection présidentielle.
Soucieux de développer des synergies plutôt que de se cannibaliser entre elles, les deux initiatives ont décidé de créer une plateforme commune. Qui rassemblera des ressources (expertises, analyses, textes de lois), mais aussi une bibliothèque de solutions concrètes, des vidéos des séances plénières de l’une et l’autre, des exemples de feuilles de route parmi les 150 de la CEC ainsi que les propositions de la Convention21. Outre l’émulation espérée entre ces deux collectifs de « leaders de la cause écologique », les deux Conventions veulent contribuer à « réconcilier l’entreprise et le grand public ».
L’entreprise face aux jeunes diplômés… et à ses salariés
Ces initiatives s’inscrivent dans un climat de mobilisation né il y a quelques années au sein de mouvements étudiants. Deux ans après la publication de son manifeste, le collectif Pour un Réveil écologique continue de mettre à disposition des jeunes diplômés des outils pour les aider à choisir un employeur engagé dans la transition écologique. Lancé au printemps 2020, Alumni for the planet fédère les diplômés de l’enseignement supérieur français qui s’engagent et agissent pour le climat et l’environnement !
Et ce 22 avril, c’est Les Collectifs qui voit le jour. Une association qui se donne pour mission de mettre en réseau les collectifs de salariés désireux d’agir ensemble pour accélérer la transformation écologique de leurs entreprises. Et qui rassemble déjà les salariés de 20 entreprises, animés par des convictions communes : les entreprises doivent faire de la prise en compte des défis écologiques et sociaux leur priorité ; elles doivent impliquer et mobiliser toutes leurs parties prenantes et notamment leurs salariés dans cet effort ; les organisations qui réussiront ces transitions seront demain les plus impactantes et attractives pour les consommateurs, investisseurs et futurs salariés. A cette occasion, Pour un réveil écologique publie sur sa plateforme un guide d’action destiné aux salariés désireux de s’engager. Et une cartographie de 27 collectifs représentant 3500 salariés. De tous secteurs, toutes tailles, toutes maturités, avec un ancrage très local ou international.
Des écogestes à la stratégie
Pour l’heure, leurs actions portent plutôt sur la généralisation d’écogestes, le verdissement des pratiques en matière de mobilité, de restauration ou d’achats responsables. Mais certains, plus proches de leur direction générale, pourraient s’impliquer plus directement dans l’élaboration de la stratégie de l’entreprise.
Des liens existent d’ores et déjà entre les différentes initiatives. Ainsi Quentin Bordet, porte-parole de l’association Les Collectifs et co-fondateur du collectif Go Green au sein du Boston Consulting Group, a également participé au comité de préfiguration de la Convention21. « Nous partageons la même ambition, qui est de transformer le monde de l’entreprise, rappelle-t-il. Lorsque nous repérons des initiatives qui font avancer les choses dans le bon sens, nous essayons de voir comment nous y intégrer et y participer. »
La boucle est bouclée. Et il pourrait devenir de plus en plus difficile pour les entreprises, de résister à la transition.
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