Une peinture qui rafraîchit les bâtiments
Repeint en blanc, le toit de la péniche-hôpital Adamant à Paris, a permis de gagner quelques degrés de fraîcheur. Photo Cool Roof
L’entreprise bretonne Cool Roof repeint les toits foncés pour contrer la chaleur, et permet de fortes économies d’énergie.
Au blanc éclatant qui recouvre les maisons grecques, les Français préfèrent la couleur du bitume. Mais alors que, chaque été, le thermomètre s’affole, nos toits foncés font encore grimper le mercure à l’intérieur des bâtiments. Pour y remédier, la solution est pourtant simple, plaide l’entreprise Cool Roof France : les peindre en blanc, et ainsi réfléchir les rayons du soleil plutôt que de les absorber.
« La plupart des immeubles aux toitures noires deviennent de véritables fours en été, poussant à une sur-utilisation de la climatisation », explique son directeur, Antoine Horellou. Un non-sens pour le chef d’entreprise, qui assure que le revêtement clair permet de gagner « en moyenne six ou sept degrés » en période de surchauffe. « Cela allège considérablement la facture énergétique », insiste-t-il. A l’image d’un hypermarché à Valence, où l’intervention de Cool Roof sur près de 20 000 mètres carrés a entraîné une baisse de 12% de la consommation globale d’énergie du bâtiment. Cinq ans après sa création, la société vante ses bons résultats grâce à des capteurs disposés après chaque opération.
Des besoins urgents
Pour se développer, Cool Roof a dû mettre au point sa propre formule. « En France, les peintures blanches disponibles sur le marché et capables de tenir sur un support bitumeux n’étaient ni écologiques, ni économiques », précise Antoine Horellou. L’entreprise s’est alors tournée vers une acrylique aqueuse, réflective et thermique, dont les composants « permettent de ralentir le passage de la chaleur quatre fois plus qu’une peinture classique », fait-il-valoir. Et une fois le revêtement posé, la réflexivité de 95% du rayonnement solaire « est assurée pendant quinze ans ».
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Une invention simple, qui répond à des besoins de plus en plus criants, alors que chaque nouvel été semble plus étouffant que le précédent : outre les supermarchés, Cool Roof devient parfois une solution d’urgence. « En 2018, à Paris, dans une péniche-hôpital au toit entièrement noir, les malades ne supportaient plus la chaleur. Après notre passage, la température est passée de 45 degrés à 30 à peine », se félicite Antoine Horellou. Plus récemment, pendant la crise sanitaire liée au coronavirus, les services proposés par Cool Roof ont permis de sauver des stocks de matériel médical dans des bâtiments pharmaceutiques en surchauffe malgré la climatisation.
Mais face à cette solution « efficace, écologique, et rapide », le directeur regrette une lenteur de la prise de décision publique. Comme à Grenoble, où le chantier de la Bifurk (un laboratoire artistique) a été porté au budget participatif de la Ville il y a près de deux ans par les citoyens. « Nous n’avons pu intervenir que cet automne, déplore Antoine Horellou. De manière générale, on a parfois l’impression que ce le sujet n’est pas prioritaire, alors qu’il l’est.»