La question de la croissance économique est un sujet souvent débattu, avec des arguments pour et contre sa capacité à créer un développement durable. D’un côté, il y a ceux qui soutiennent la notion de « croissance verte », c’est-à-dire une croissance respectueuse de l’environnement et des ressources naturelles. De l’autre, il y a ceux qui considèrent que même une croissance qualifiée de « verte » ne suffit pas pour éviter le « mur » de problèmes sociaux et environnementaux auxquels notre planète fait face.
Les théories contradictoires sur la croissance
Dans cette discussion autour des bienfaits et méfaits de la croissance économique, deux principales théories s’affrontent : la théorie de la soutenabilité faible et celle de la soutenabilité forte.
Soutenabilité faible : croissance économique et amélioration du bien-être social sans limite
La soutenabilité faible part du principe que les ressources naturelles sont un élément parmi tant d’autres dans la création de richesses, et que leur raréfaction peut être compensée par l’émergence d’autres technologies moins polluantes ou plus efficaces. Ainsi, selon cette théorie, une croissance continue permettrait l’amélioration du niveau de vie et du bien-être de la population, sans nécessairement impacter négativement l’environnement. Les adeptes de cette vision prônent donc une croissance verte, où l’économie et l’écologie peuvent coexister harmonieusement.
Soutenabilité forte : des limites environnementales à la croissance économique
À l’opposée, la soutenabilité forte est fondée sur l’idée que les ressources naturelles sont finies et qu’il existe un plafond de capacité pour leur exploitation. Pour les partisans de cette théorie, atteindre ce plafond provoquerait une catastrophe environnementale et sociale sans précédent qui aurait notamment pour conséquence de compromettre le bien-être des générations futures. Dès lors, il est indispensable de mettre en place une politique de décroissance pour rééquilibrer la relation entre l’humanité et son écosystème.
Faire face aux mensonges et illusions autour de la croissance
Les exemples d’incohérences du modèle actuel de croissance ne manquent pas : surexploitation des ressources naturelles, aggravation des inégalités sociales et dominance des multinationales sont autant de maux qui mettent à mal l’équilibre de nos sociétés et de notre planète. Le mensonge selon lequel une croissance verte permettrait de concilier développement économique et respect de l’environnement semble en réalité s’apparenter davantage à une vaste illusion.
L’épuisement des ressources et la fausse solution de la substitution technologique
La théorie de la soutenabilité faible repose en grande partie sur l’idée que les progrès technologiques permettront de compenser l’épuisement des ressources naturelles. Cependant, la substitution technologique ne s’avère pas toujours possible, du moins à un coût raisonnable.
Il est important de souligner que les nouvelles technologies réclament elles-mêmes des ressources pour leur développement et leur fabrication, créant parfois de nouveaux déséquilibres dans la gestion des matières premières disponibles. Il en va ainsi des énergies renouvelables, qui nécessitent souvent l’extraction de minerais rares pour fonctionner.
Le fossé grandissant entre riches et pauvres malgré la croissance économique
Un autre argument fréquent en faveur de la soutenabilité faible est que la croissance économique profite à tous en créant de la richesse et en améliorant le niveau de vie général. Pourtant, ces dernières décennies ont vu une augmentation massive des inégalités sociales. De nombreuses études montrent que la croissance économique se concentre principalement entre les mains d’une élite financière déjà privilégiée, laissant de côté une grande partie de la population mondiale.
L’alternative à la croissance : décroissance et sobriété
Pour remédier aux problèmes posés par la croissance verte et sa démesure, il est nécessaire de repenser notre modèle économique. S’il est maintenant évident que les ressources naturelles de notre planète sont limitées, il devient urgent et impératif de faire preuve de sobriété et d’adopter un mode de vie moins centré sur la consommation et la production toujours croissante.
- Décroissance volontaire : choisir consciemment de vivre avec moins pour préserver l’environnement et le bien-être collectif. Cela implique un changement radical des mentalités et la remise en question de nos habitudes de consommation.
- Répartition équitable des ressources et des richesses : instaurer une réelle justice sociale, à travers la redistribution des revenus et des biens au sein d’une société moins individualiste.
- Relocalisation économique : favoriser des circuits courts de production et de consommation pour limiter les transports inutiles et soutenir les producteurs locaux.
- Préservation du patrimoine culturel et naturel : valoriser les savoirs traditionnels et ancestraux et encourager les actions de préservation de la biodiversité.
Ainsi, la décroissance représente aujourd’hui une alternative crédible à la croissance verte qui nous mène inexorablement vers un mur environnemental et social. Remettre en cause notre modèle actuel est indispensable pour construire un futur où l’économie respecte l’environnement et ses limites, et où les hommes agissent en responsabilité envers les générations futures.