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Anticiper le changement climatique à micro-échelle

Climate City compte déployer des ballons captifs, équipés d’une charge utile de mesure des phénomènes physiques et chimiques de l’atmosphère.

Climate City développe un outil d’aide à la décision pour construire les villes de demain, à partir de données climatiques locales récoltées par des capteurs aéroportés.

Des dizaines de ballons flottant dans le ciel de nos métropoles, pour mesurer l’impact du changement climatique dans un quartier précis. L’idée semble venir tout droit du futur, mais a déjà été mise au point par l’entreprise Climate City. Celle-ci propose de déployer, à 400 mètres du sol, un réseau de capteurs aéroportés. Le but : prédire les risques environnementaux sur un site donné. Et ainsi orienter les choix des urbanistes. 

Un système inédit, qui vise à adapter les villes au changement climatique. « L’idée, c’est de mettre à disposition de tous les acteurs qui construisent la ville, privés comme publics, des outils concrets d’aide à la décision », explique Laurent Husson, cofondateur et président de Climate City. Alors que les dysfonctionnements liés à l’environnement se multiplient et que la réglementation évolue, l’entreprise espère éclairer les décisions d’investissement. Vers un risque climatique moindre. Mais à une échelle hyper locale.

Démonstrateur à Marseille

Pour ce faire, elle se concentre sur la micro-échelle urbaine. « Aujourd’hui, les instruments pour prévoir ces risques s’appuient sur les images satellitaires ou des systèmes de récupération de paramètres globaux. C’est principalement de l’observation régionale, sur 30 kilomètres minimum », regrette Laurent Husson. Pourtant, fait-il valoir, des îlots de chaleur peuvent s’installer sur un périmètre très restreint. En effet, en plus de l’évolution du climat, l’activité humaine hyper locale influe sur les menaces à venir. Radiation, chaleur, matériaux, surface au sol ou végétalisation : Climate City mesurera une cinquantaine de paramètres différents. « L’organisation de l’urbanisation ou des transports devra tenir compte de ces données, très variables en fonction des zones, y compris dans une même ville », avance le cofondateur.

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L’entreprise a déjà déployé un démonstrateur de fonctionnement du réseau de capteurs, dans un centre technique près de Marseille. Objectif de l’expérimentation : démontrer son fonctionnement, et déterminer combien de ballons faire voler dans le futur réseau. « Equipés d’outils de mesure des phénomènes physiques et chimiques de l’atmosphère, ceux-ci seront installés de manière permanente, pour alimenter la base de données », précise Laurent Husson. 

Climat global et phénomènes locaux

Pour l’heure, Climate City n’est opérationnelle que sur les données climatiques, géographiques et géologiques déjà existantes, fournies par les satellites ou par des capteurs météorologiques au sol. « Elles restent imprécises, mais c’est la première fois qu’on les met toutes en perspective pour une compréhension à micro-échelle urbaine. Nous les utilisons dans une analyse dédiée à 100 % aux villes et à leur adaptation », fait valoir Laurent Husson. L’entreprise permet ainsi la rencontre entre une analyse des phénomènes du climat global, et celle de phénomènes hyper locaux.

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Mise en ligne le 15 mars prochain, une plateforme montrera les modélisations permises par le traitement de ces données existantes. Elle permettra aux clients d’accéder à une analyse sur mesure, afin de projeter l’évolution de l’impact du climat sur un site donné. Classés de manière cartographiques, les paramètres seront analysés à partir d’un algorithme basé sur une intelligence artificielle, enrichi par un machine learning. « Le traitement automatique de ces données permettra d’identifier des tendances. Elles seront de plus en plus solides à mesure que l’algorithme se renforcera », avance Laurent Husson.

Devenir l’Internet du climat 

Surtout, la plateforme permettra de générer des solutions personnalisées, pour créer, à terme, un « Internet du climat ». « Nous souhaitons devenir l’opérateur mondial d’un système permettant l’adaptation des villes, lorsque les ballons, complémentaires des satellites, seront déployés », affirme le cofondateur. Un service d’urbanisme, par exemple, pourra alors s’y connecter, renseigner les coordonnées GPS de son projet, et analyser plus précisément la nature du risque dans les années à venir. « Il n’aura qu’à déplacer son curseur. A partir de l’analyse de la situation actuelle, le système montrera, sous forme de figures, les risques à venir. Chacun d’entre eux présentera un métrique sur sa fréquence ou son intensité » développe Laurent Husson. 

Surtout, ce service complet permettra aux acteurs de l’urbanisme d’adapter leur stratégie, ce qui influera en retour sur la prévision des risques. « En reprenant la zone programmée, et en ajoutant certains éléments, comme des espaces verts ou une usine de traitement des déchets, l’intelligence artificielle simulera de nouveaux résultats », explique Laurent Husson.