Le CERN innove dans la récupération de chaleur fatale

Le CERN, ce centre européen de recherche nucléaire basé en Suisse est bien connu pour ses expériences scientifiques pointues et révolutionnaires. Pourtant, grâce à l’image des particules pressées sur des dizaines de kilomètres à vitesse grand V, on oublie parfois que le CERN est également un important acteur en matière d’écologie et d’économie d’énergie. Dans cet article, nous allons nous intéresser à leur approche innovante en matière de récupération de chaleur fatale.

Qu’est-ce que la chaleur fatale ?

La chaleur fatale consiste simplement en une énergie thermique perdue lors d’un processus énergétique, qui autrement pourrait être récupérée pour être utilisée à d’autres fins. Ces pertes se produisent souvent dans les appareils, machines et processus industriels, car ils ne sont pas entièrement efficaces. La chaleur fatale peut être considérée comme une ressource inexploitée en matière d’économies d’énergie, notamment en Europe où la majorité de l’énergie provient encore d’industries émettant de nombreux gaz à effet de serre.

Comment le CERN s’y prend pour récupérer cette chaleur ?

Dans un contexte où l’écologie prend une place de plus en plus importante, le CERN a choisi de mettre en avant ses efforts dans la récupération de chaleur fatale et son utilisation pour chauffer les bâtiments environnants. Loin d’en rester au stade expérimental, cette technique se met déjà en place pour chauffer les locaux du CERN lui-même.

Au coeur des installations : le récupérateur de chaleur

Le dispositif mis en place par le CERN pour exploiter cette chaleur perdue est un récupérateur de chaleur. Ce dernier fonctionne sur le principe suivant : il capte l’eau de refroidissement qui circule dans les équipements produisant de la chaleur fatale, puis transmet cette énergie à un circuit secondaire contenant de l’eau propre destinée au chauffage des bâtiments. Ainsi, l’énergie produite sans être utilisée est convertie en source utile pour répondre aux besoins en chaleur des bâtiments avoisinants.

Le rôle clé des pompes à chaleur

Les pompes à chaleur jouent également un rôle incontournable dans cette approche écologique. En effet, elles permettent d’augmenter la température de l’eau prélevée du circuit de récupération de chaleur à un niveau suffisant pour le chauffage des bâtiments concernés.

L’impact environnemental et économique positif

La récupération de chaleur fatale offre de nombreux avantages. Tout d’abord, cela réduit considérablement la quantité d’énergie nécessaire pour chauffer les bâtiments, permettant ainsi au CERN de réaliser des économies d’énergie non négligeables. De plus, cela participe aussi à la réduction simultanée de l’impact environnemental du centre européen en diminuant ses émissions de gaz à effet de serre.

Exemple concret : le chauffage du CMS building du CERN

L’une des dernières réalisations concrètes de cette démarche est la mise en place d’un système de récupération de chaleur fatale pour chauffer entièrement le CMS Building, l’un des principaux sites du centre européen. Grâce à ce dispositif, près de 1 GWh d’énergie par an sont économisés, soit environ 280
tonnes de CO2 évitées sur une année.

Une initiative qui inspire

Le CERN n’est pas la seule institution à vouloir tirer parti de la chaleur fatale. En effet, plusieurs entreprises et industriels s’intéressent également à cette source d’énergie encore sous-exploitée. Ainsi, le modèle développé par le centre pourrait inspirer d’autres secteurs d’activités spécifique ou général afin de concevoir des stratégies similaires.

  1. Les data centers : ces infrastructures informatiques consomment énormément d’énergie pour fonctionner et génèrent beaucoup de chaleur qui peut être utile pour d’autres besoins.
  2. Les centrales électriques : elles produisent également d’importantes quantités de chaleur fatale qui peuvent être récupérées pour chauffer des bâtiments. Le concept se nomme « cogénération ».
  3. La sidérurgie et les industries métalliques : ces secteurs d’activités génèrent eux aussi de la chaleur fatale durant leurs processus. En revanche, ils rencontrent des défis techniques quant à sa réutilisation.

Ainsi, le travail pionnier réalisé par le CERN dans la récupération de chaleur fatale semble ouvrir la voie à d’autres domaines désireux de profiter de cette énergie encore peu exploitée. Ce n’est qu’une facette parmi les nombreuses initiatives menées par le centre en faveur de l’écologie et des économies d’énergie, mais elle démontre une fois de plus comment la recherche scientifique permet de concilier progrès technologique, création de valeur et préservation de l’environnement.