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L’environnement s’invite dans la campagne des régionales

9 mars 2021

En écho à l’enjeu sanitaire, l’environnement prend de plus en plus de place dans les priorités de citoyens. La campagne qui démarre reflète cette évolution, qui creuse la fracture droite/gauche.

Les élections régionales doivent renouveler les 13 et 20 juin quelque 2.000 conseillers régionaux en métropole . Les 12 régions détiennent une partie des clés de la politique climat française, puisqu’elles sont chargées de traduire en schémas régionaux les objectifs nationaux ; elles disposent aussi de compétences sur les transports qui les rendent incontournables sur le sujet. Lors du dernier rendez-vous électoral, les municipales de juin dernier, l’enjeu environnemental avait occupé une large part des débats. Au point de créer la surprise côté écologistes ; moins par le nombre de votants Vert, que par l’élection surprise de candidats inconnus.

Des projets politiques qui prennent plus de place

« Ce qui est intéressant c’est que les nouveaux maires Verts ont été élus sur un projet politique » note Jean-Daniel Levy, directeur des études chez Harris Interactive.

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Un an plus tard, et alors que la loi Climat et Résilience arrive au Parlement, l’opinion reste obnubilée par la situation sanitaire, mais pas seulement autour du virus. « Les préoccupations en matière de santé ont tendance à croître, les citoyens aspirent à des politiques environnementales qui rendent l’air, l’eau et l’alimentation plus purs et qui traitent l’enjeu du climat » assure l’expert.

Bataille du climat, bataille de l’emploi 

Des régions où le sujet environnemental n’a pas toujours été prioritaire voient ainsi le sujet monter en puissance. C’est le cas dans les Hauts-de-France par exemple, où la candidate des Verts Karima Delli souhaite fédérer la gauche autour de cet enjeu . « La bataille du climat, c’est la bataille de l’emploi » assure la candidate, qui veut voir la région passer à « l’avant-garde de la transition écologique ». « L’écologie dans les territoires, c’est l’écologie du quotidien. Quand on sabote l’environnement, ce sont les plus pauvres qui paient », ajoute-t-elle, alors que des problèmes majeurs de pollution de l’air, de logements énergivores et de transport se posent localement.

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Des enjeux délaissés par la droite

Face à elle, la droite tente de tirer le débat du côté des enjeux de sécurité et de migration. La député européenne insiste sur « le bilan désastreux de la région sur les enjeux environnementaux ». Le budget alloué aux questions environnementales a chuté de plus de 40 % depuis 2015. Et le service environnement du Conseil régional a disparu.  « Il y a beaucoup de choses à faire : mettre en place le schéma directeur des transports, faire entrer les citoyens au Conseil régional. Et enfin, insuffler une politique industrielle sur la transition écologique ».

Des propositions qui résonnent à gauche, mais peu à droite. « La droite en parle peu, et envisage une écologie moins contraignante pour la qualité de vie et les libertés ; une écologie qui relève de pratiques individuelles. Et on observe un fossé générationnel. Les jeunes sont très sensibles à la cause environnementale. Mais les électeurs plus âgés votent plus à droite. La génération 68, qui a vécu dans un monde productiviste, n’est pas mobilisée autour de l’écologie » constate Jean-Daniel Levy.

L’environnement au coeur des alliances

Dans les Pays de la Loire, le sénateur Ronan Dantec a rejoint Mathieu Orphelin pour construire un front écologique non aligné, qui pourrait être rejoint par les socialistes à terme. Là non plus, LREM n’est pas de la partie. Les élus locaux de la majorité s’intéressent plutôt à ce qui se passe à droite de l’échiquier politique. En Rhône-Alpes Auvergne, 45 % des personnes sondées par l’Institut Harris estiment qu’un/e élu écologiste serait bienvenu à la tête de la région, au coude à coude avec le parti LR actuellement aux manettes avec Laurent Wauquiez.

Enfin en Bretagne, le président sortant de la région, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, qui avait succédé à Jean-Yves Le Drian devenu ministre, a tendu la main aux Verts. A qui il propose une alliance pour le second tour. Alors que Le Drian était passé à LREM après des luttes frontales avec les Verts en Bretagne, son successeur adopte une stratégie inverse. Après avoir plaidé pour un schéma régional ambitieux, qui vise notamment le « zéro foncier » consommé d’ici 2040, l’élu montre là encore son intention de mettre en avant le sujet environnemental pour les élections régionales.

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« L’environnement n’est pas une dimension conjoncturelle, ce n’est pas une thématique à la marge, mais essentielle. Comme les régions ont joué un rôle important pendant la pandémie, elle sont sur le devant de la scène, notamment sur ce sujet » conclut Jean-Daniel Levy.

Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll