Les Corses innovent en s’unissant pour leurs plans climat
Sur les quatre intercommunalités concernées, trois ont décidé de lancer ensemble leurs plans climat-air-énergie territorial .
Sur les 4 EPCI de plus de 20.000 habitants que comptela Corse, trois intercommunalités ont décidé d’unir leurs forces pour mener à bien leur plan climat, ou PCAET. Des projets obligatoires pour les collectivités de cette taille, mais qui tardent à émerger. Ce choix relève d’un parti pris inédit.
85 % des EPCI en dehors des clous
« Au début, ce n’était pas un acte politique, mais pragmatique. On était en retard, et le processus est à la fois complexe et coûteux pour des petites structures comme les nôtres » explique Audrey Scoffoni, directrice des services techniques et de l’environnement au sein de la communauté d’agglomération de Bastia. A qui l’idée est venue en 2019, lors des Assises de la transition énergétique, à Dunkerque.
A l’époque, sur 757 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), seulement 25 étaient à jour de leurs obligations de PCAET. Ils sont aujourd’hui 113, ce qui laisse encore 85% d’entre eux en dehors des clous, selon le recensement du ministère de la transition écologique en date du 1er novembre.
Projet commun et coûts réduits
L’EPCI a donc proposé aux trois autres (Marana Golo, Sud Corse et Ajaccio) de se regrouper, d’établir un cahier des charges commun et ainsi de réduire les coûts, d’ingénierie notamment. Celui d’Ajaccio a décliné, pour avoir déjà bien avancé sur son propre projet, mais les trois autres ont enclenché le processus.
Les président des trois EPCI et leurs équipes ont finalement signé une charte commune mi-février, s’engageant pour un processus qui devrait s’achever d’ici 18 mois. Les PCAET répondront aux enjeux communs, tout en prenant en compte les spécificités de chacun. Une façon aussi de rétablir l’équité entre les territoires.
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Equité des enjeux
« Celui de Marana Golo devait prendre en compte la centrale à énergie fossile, donc la pollution, et nous la consommation. C’est plus équitable d’avoir une vue globale et d’organiser ensemble la réponse aux enjeux » assure l’experte.
Dans les tuyaux des plans en cours d’élaboration, la question de la pollution de l’eau spécifique à la centrale thermique sera bien traitée, comme celle d’une moindre dépendance aux énergies fossiles. Au menu côté énergie: le développement de l’énergie solaire, éolienne, de l’énergie marine (l’île n’a pour l’heure aucun projet), et sans doute de la biomasse. L’agglomération Sud Corse insistera de son côté sur l’enjeu du tourisme durable.
Sensibilité particulière à l’enjeu climat
Très exposée à la hausse des températures, la Corse risque aussi des inondations accrues en raison des fortes pluies, dont l’occurrence est croissante dans les régions méditerranéennes. L’île est d’ailleurs impliquée dans le projet européen Adapt, qui concerne la France et l’Italie.
« C’est sûr qu’on a une impériosité majeure, ici chacun constate le dérèglement climatique. Mais le passage à l’acte est encore lent ! » relativise Audrey Scoffoni. Le projet a aussi embarqué la seule école d’ingénieurs de Corse, située à Corte. Tous les étudiants de dernière année plancheront sur les PCAET. Une façon d’impliquer les jeunes, mais aussi de modérer les coûts. Alors que les trois agglo rédigent leur cahier des charges, leur appel d’offres devrait intéresser les cabinets de conseil spécialisés. La démarche, qui est déjà vue d’un très bon œil par l’Ademe et la Dreal, pourrait faire des émules. Et permettre de contribuer à combler le retard des intercommunalités.
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