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L’Europe met le paquet sur le train de nuit

14 avril 2021

En cette année du rail, l’UE tente de revitaliser ce mode de transport. La relance des trains de nuit en fait partie.

Verra-t-on un jour de nombreux trains de nuit sillonner à nouveau l’Europe et les gares des petites villes rouvrir en France ? « Si nous parvenons à transformer le rail en un des moyens de transports principaux du 21ème siècle, pourquoi pas », rêve à voix haute Matthias Ruete, chercheur associé de l’Institut Jacques Delors, qui vient de publier une série de recommandations pour le secteur. Certes, « une année européenne ne suffira pas à engendrer des bouleversements majeurs, même si elle pourrait insuffler une série d’actions ».

Car 2021 est l’année du rail en Europe. L’occasion pour l’UE de déployer une série d’initiatives en faveur d’un secteur clé dans la lutte contre le changement climatique. A cette fin, en décembre 2020, la Commission européenne a présenté sa « stratégie de mobilité durable et intelligente ». Devant contribuer au Pacte vert, elle ambitionne de réduire de 90%, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre dues au transport.

Pour l’heure, bien qu’il reste nettement moins émetteur que la route, le maritime ou l’aérien, le train n’occupe qu’une part faible dans les transports, avec moins de 8% pour les passagers et près de 19% pour le fret. «Renforcer cette attractivité exige, à l’échelon européen, d’améliorer les conditions d’égalité avec les autres transports selon le principe du pollueur/payeur. Cela nécessite aussi d’importants investissements publics, que le plan de relance européen devrait faciliter », explique Matthias Reute. Pour l’heure, le secteur souffre de l’effondrement du trafic provoqué par la pandémie.


L’alternative des trains de nuit


De l’avis de nombreux experts et personnalités politiques, le train doit également redevenir attrayant pour les usagers, par le biais de meilleures interconnexions et la relance des trains de nuit. Un mode de déplacement, s’il était amélioré, susceptible de se substituer en partie aux vols moyen-courriers.

A ce titre, plusieurs compagnies ferroviaires européennes ont déjà des projets en tête. L’an dernier, les chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB) ont ainsi lancé un service de trains de nuit entre Vienne et Bruxelles. Même si la pandémie a perturbé son fonctionnement. Dans la foulée, les compagnies allemande, suisse, française et autrichienne ont annoncé d’autres liaisons à venir. Dont quatre nouvelles lignes de nuit, qui pourraient connecter 13 des plus grandes villes d’Europe, entre la fin de cette année et 2024.

Une tendance qui inspire également les entrepreneurs. En témoigne la récente création cette année d’European Sleeper. Cette start-up néerlandaise ambitionne de créer un réseau de trains de nuit depuis les Pays-Bas et la Belgique vers d’autres destinations européennes. Avec une première étape : faire circuler à partir d’avril 2022, un train couchette entre Bruxelles, Amsterdam, Berlin et Prague.

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« Selon nous, le train de nuit peut être compétitif par rapport à l’avion. Il permet d’utiliser son temps d’une manière plus efficace tout en économisant une nuit d’hôtel. Il suffit de monter à bord, en centre ville, de se relaxer et de préparer son meeting pour le lendemain sans perdre son temps dans des files d’attente », raconte Elmer van Buuren, un des co-fondateurs, confiant dans le fait que l’UE veuille développer le train. Même s’il y voit des défis. Dont l’un des plus importants à ses yeux : « les Etats membres continuent souvent de protéger l’intérêt de leur opérateur national, par exemple, en entravant l’accès au matériel roulant d’occasion, pour maintenir le marché fermé ».


Zone ferroviaire unique


Dans ce contexte, l’UE va tenter d’accélérer la réalisation d’un projet ancien, un espace ferroviaire unique. A cette fin, l’exécutif européen a annoncé des initiatives en matière de corridors ferroviaires européens – passagers et marchandises – et la révision des normes relatives à la numérisation de la signalisation, à la gestion du trafic et au fonctionnement automatique des trains en 2022. Plusieurs indicateurs ont été proposés. Notamment, doubler le trafic ferroviaire à grande vitesse sur tout le territoire européen d’ici 2030. Et celui de marchandises d’ici à 2050.

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Article réalisé en partenariat avec la Fondation Heinrich Böll